Tunisie

lundi 13 décembre 2010

La piste du kamikaze islamiste se précise


Par FRANCE 24 (texte)
Achren VERDIAN / Marion GAUDIN (vidéo)

Taymour Abdel Wahab (photo), le kamikaze présumé des attentats en Suède, vivait dans la grande banlieue de Londres, à Luton. La police britannique mène l'enquête sur son passé, de Bagdad à Stockholm.

L’identité du kamikaze est "confirmée à 98 %", a déclaré le procureur suédois Tomas Lindstrand, ce lundi। Taymour Abdel Wahab, dont le nom et la photo circulent depuis dimanche sur Internet, dévoilés par le site islamiste "Choumoukh al-islam", serait bel et bien un des acteurs des deux explosions qui se sont produites samedi en fin d’après-midi dans le centre ville de Stockholm. Deux personnes ont été blessées à cette occasion.

Taymour Abdel Wahab est vite apparu comme étant l’auteur présumé de l’attentat pour deux raisons. "Il avait signé le courrier d’avertissement envoyé à la presse et à la police dix minutes avant l’attentat ; c’est aussi lui qui est enregistré comme propriétaire de la voiture piégée", rapporte Olivier Truc, correspondant à Stockholm du quotidien français Le Monde, joint par téléphone. Dix minutes avant les deux explosions, samedi soir, l'agence suédoise TT et les services de renseignement ont en effet reçu un courriel annonçant des "actions" s’opposant à "la guerre contre l'islam" menée par la Suède, notamment en Afghanistan, où le pays a déployé environ 500 soldats. Le texte qualifie en outre de "porc" le caricaturiste suédois Lars Vilks, qui avait représenté le prophète Mahomet en chien, dessin publié dans le journal Nerikes Allehanda, le 18 août 2007.

Quant à la voiture piégée, elle était enregistrée à Tranås, dans la province de Jönköping, dans le sud de la Suède, ville où Taymour Abdel Wahab est allé à l’école, rapporte le quotidien britannique The Guardian.

Perquisitions au nord de Londres

La piste de Taymour Abdel Wahab mène au nord de Londres, dans le Bedfordshire. Des agents de police perquisitionnent une maison depuis dimanche. Il n’y a pas eu d’arrestation. Mais le porte-parole de la police métropolitaine de Londres confirme "que cela est lié à l’incident à Stockholm samedi". En parallèle de l’enquête britannique, les autorités suédoises cherchent, de leur côté, à savoir si l’homme a agi seul ou avec la complicité d’autres personnes.

La police britannique a refusé de préciser si la perquisition avait eu lieu à Luton, ville située à 50km de Londres dans le Bedfordshire, mais c’est là que le kamikaze présumé, Taymour Abdel Wahab al-Abdaly, détient une maison. L’homme est marié et a eu deux filles âgées de 3 ans et demi et de 18 mois. Selon The Guardian, un fils serait également né dans le foyer cette année. Selon des témoignages recueillis par le Daily Telegraph, Taymour Abdel Wahab aurait été vu dans sa maison pas plus tard qu’il y a deux semaines et demie. "J'avais l'habitude de le voir souvent dans les environs. Il ne parlait pas beaucoup mais avait l'air sympa. Je le voyais régulièrement marcher avec ses gamines", a déclaré au quotidien britannique, Tahir Hussain, 33 ans, chauffeur de taxi vivant à Luton.

Traces laissées sur Facebook

D’origine irakienne, Taymour Abdel Wahab al-Abdaly est arrivé en Suède enfant, au début des années 1990. Après un bac scientifique, il part poursuivre ses études au Royaume-Uni en 2001, et obtient trois ans plus tard un diplôme de thérapie du sport. "C’est au cours de son séjour en Grande-Bretagne qu’il serait devenu de plus en plus radical, comme l’indique son compte Facebook", précise Olivier Truc.

Le profil Facebook du kamikaze présumé est ponctué de revendications islamiques radicales. Les éléments qu’il "poste" sur son "mur" Facebook ont évolué depuis le mois d’avril, constate également The Guardian. Les vidéos humoristiques ont laissé place à des images plus politiques. Parmi ses préférences : "I'm a Muslim and I'm proud" (Je suis musulman et fier de l’être), "Yawm al-Qiyamaah [the Islamic day of judgment]" (le jour du jugement dernier pour les musulmans). Une vidéo montre également un Irakien aux yeux bandés, subissant les coups et les moqueries de soldats américains.
D’autres parlent des "crimes de guerre russes en Tchétchénie". D’autres encore sont des prêches d’imams radicaux.

Séjour en Jordanie et en Irak

"En mars 2010, il s’est rendu en Jordanie et en Irak, rapporte Olivier Truc. On ignore ce qu’il a fait là-bas. Mais dans le courriel envoyé avant l’attentat, il s’excusait auprès de ses proches car il n’était pas allé travailler lors de son séjour, dit-il, mais faire la guerre sainte. Sur sa page Facebook, il a pris des photos de lui en Jordanie, ce printemps". Selon The Guardian, l’homme avait fini son courriel par quelques phrases adressées à sa famille, lui assurant son amour et demandant à sa femme d’embrasser ses enfants de sa part. "Dis-leur que leur papa les aime", conclut le courrier électronique.

Le journal britannique rapporte également que l’homme était inscrit sur le site de rencontre pour musulmans, Muslima.com, et cherchait une seconde épouse, âgée entre 25 et 30 ans, avec l’accord de sa première femme. Il se décrivait comme "très religieux" et émettait le projet de s’installer un jour dans un pays arabophone.


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