Le Sénégal ne veut pas juger l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré. Chargé depuis 2006 par l’Union africaine (UA) d’organiser un procès contre l’ancien homme fort de N’Djamena, accusé de crime contre l’humanité, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, souhaite que l'organisation continentale "reprenne son dossier".
"Franchement, je regrette d’avoir accepté [le dossier] parce que je n’ai pas trouvé le soutien que je cherchais [de la part de la communauté internationale]", affirme-t-il lors d'un entretien accordé à FRANCE 24 et RFI. "Je vais renvoyer [Hissène Habré] quelque part. Je vous le dit très clairement : je vais m’en débarrasser", a-t-il poursuivi, n’excluant pas une extradition vers la Belgique.
"Juger une personne comme ça, c’est se faire des ennemis. Je n’ai pas peur de mes responsabilités mais je n’ai pas eu un minimum de soutien", a répété le président sénégalais. Abdoulaye Wade réclame 27 millions d’euros pour organiser le procès. L’UA et l’Union européenne lui a accordé 8,5 millions d’euros, montant qu’il juge trop faible.
Poursuivi pour crime contre l’humanité
Ces déclarations ont provoqué la colère de l’avocat d’Hissène Habré, El Hadji Diouf. "Pour Wade, il n’y a donc aucune présomption d’innocence, s’est-il exclamé. Wade "doit garder sa sérénité !"
L’ancien dictateur tchadien a trouvé refuge au Sénégal en 1991, au lendemain du coup d’État qui a placé Idriss Déby Itno au pouvoir à N'Djamena. Accusé d’être responsable de la mort de 40 000 personnes au cours de ses années de règne, entre 1982 et 1990, il a été condamné à mort par contumace au Tchad. La justice belge, saisie par des ressortissants tchadiens ayant acquis la nationalité belge, a délivré en 2005 un mandat d’arrêt international à son encontre pour crime contre l’humanité, crime de guerre et actes de torture.
En 2001, Hissène Habré a été arrêté brièvement à Dakar, puis relâché. La justice sénégalaise s’est alors estimée incompétente pour le juger. En 2006, l’UA en avait décidé autrement, "au nom de l’Afrique". Dimanche, le Tchad s’est dit prêt à organiser un nouveau procès contre son ancien chef d’État.
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