La nouvelle stratégie de protection des données personnelles présentées jeudi par la Commission européenne pourrait affecter les pratiques commerciales des grandes compagnies comme Facebook et Google, et doit servir de base à la réforme prévue pour l'an prochain de la législation de l'UE en la matière, élaborée il y a 15 ans. L'exécutif européen devrait faire ses propositions pour la mi-2011. Les lois doivent être approuvées par le Parlement européen et les pays membres de l'UE.
"La protection des données personnelles est un droit fondamental. Pour garantir ce droit, nous avons besoin de règles claires et cohérentes de protection des données", a estimé la commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding. "Nous avons aussi besoin d'actualiser nos lois pour relever les défis posés par les nouvelles technologies et la mondialisation", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Les internautes devraient avoir "être en position de donner leur consentement informé au traitement de leurs données personnelles" quand ils naviguent sur le Web, selon cette stratégie. Le document ne précise pas si l'utilisateur devra donner son accord préalable à la collecte de ces données, ou s'il suffira qu'il renonce à s'y opposer, mais les internautes "doivent savoir quels sont leurs droits s'ils veulent avoir accès, rectifier ou détruire les données les concernant".
Or l'utilisation de son historique de recherche personnel pour proposer à l'internaute des publicités ciblées est l'une des principales sources de revenues de sociétés comme Yahoo! et Google. D'autres sites utilisent des "cookies" (mouchards) et "pop-ups" (écrans qui s'affichent sans que l'utilisateur l'ait demandé) pour voir quels site sont été visités auparavant. La plupart des sites Web, des journaux aux blogs en passant par les réseaux sociaux, sont financés par la réclame.
Google et ses rivaux assurent que les sociétés du Web peuvent s'auto-réguler, en proposant par exemple à leurs utilisateurs de refuser le stockage de leurs données personnelles, et qu'ils ne lient jamais les données d'une personne à ses noms et/ou adresse.
Les défenseurs de la vie privée répondent que les récentes entorses aux politiques de ces compagnies montrent bien les limites de l'auto-discipline.
Google a par exemple été critiqué pour avoir recueilli des informations personnelles sur les réseaux ouverts Wi-Fi grâce à ses fourgonnettes sillonnant les rues pour son programme StreetView associant des adresses à des photographies des lieux. Et Facebook a reconnu le mois dernier que dix de ses applications (programmes fournissant un service spécifique) les plus populaires avaient transmis des informations sur leurs utilisateurs à des sociétés publicitaires ou de collecte de données.
La Commission souhaite une application des règles plus cohérente dans les 27 Etats-membres ce qui faciliterait la tâche des sociétés opérant dans plusieurs pays à la fois.
On assiste en effet à un développement rapide des entreprises de "cloud computing", fournissant de l'espace sur un serveur et des logiciels à des sociétés ou des gouvernements sur Internet. Dans ce système, l'utilisateur peut se trouver dans un pays, le serveur dans un autre et le fournisseur de service dans un troisième, ce qui peut poser des problèmes de sécurité et d'harmonisation des législations.
La Commission veut aussi régir la façon dont la police et autres agences du maintien de l'ordre utilisent et stockent les données, mais l'exécutif européen n'a pas encore présenté de propositions spécifiques à ce sujet. AP
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