Tunisie

dimanche 6 mars 2011

Les sciences sociales et la question démocratique


L'université de Paris Ouest Nanterre organise les 16 et 17 décembre 2010 un colloque sur "Les sciences humaines et sociales,1970-2010 : Nanterre en débat". Ma communication, lors de la séance d'ouverture, le 16, de 9h à 11h, portera sur "Les sciences humaines et sociales et la question démocratique".


En voici le résumé :
S’il fallait caractériser le travail de la pensée au cours des années 1970, 1980 et 1990, on pourrait avancer l’idée suivante : la réflexion théorique s’est développée en relation étroite avec ce qui se passait dans le champ social, et notamment avec la politisation de nombreux domaines de l’existence et de l’expérience qui avaient été, jusque là, exclus de la « politique » légitime. Ce qui signifie, d’une part, que le « savoir » s’y est inévitablement construit comme « engagé » (selon des modalités diverses et souvent complexes), à partir de ce qu’on pourrait appeler une « implication du sujet qui écrit dans ce qu’il écrit ». Et que, d’autre part, il lui a été nécessaire de tourner le dos aux « transcendances » et aux « transcendantaux », pour s’installer résolument au niveau de l’immanence ; et, par voie de conséquence, qu’il lui a été nécessaire, aussi, de destituer de leur statut hégémonique les grandes doctrines totalisantes (marxisme, psychanalyse…) qui tendaient à imposer un mode de lecture non seulement univoque et cohérent, mais prescrit à l’avance et universellement valide, des pratiques de la transformation sociale.
Il semblerait qu’on assiste aujourd’hui à différentes tentatives pour restaurer les « transcendances » et les « transcendantaux » et pour réinstituer l’autorité de nouveaux (ou plutôt d’anciens) récits unitaires comme loi de la politique et de la théorie. C’est contre ce retour qu’il est urgent de réfléchir à ce qu’impliquent la multiplicité indépassable des mouvements sociaux et l’hétérogénéité irréductible des temporalités politiques. Peut-on penser ce qui agite le monde social et ce qui sous-tend la constitution des « groupes » non dans les termes de la convergence et de l’unité ou de l’unification possible, mais dans ceux de la diversité, de la divergence et des tensions et des contradictions qui en découlent ? Et cela, sans se dispenser d’affronter le redoutable problème de l’articulation du particulier et du général, du local et du global ?
Ce qui nous permettra de poser une fois encore la question de la radicalité politique, ou, si l’on préfère, de la démocratie radicale.

(Université de Paris Ouest Nanterre, B2, amphithéâtre Lefebvre, les 16 et 17 décembre, de 9h à 19h. Entrée libre mais inscription obligatoire).