Tunisie

lundi 9 mai 2011

L’exclusion collective est une déviation caractérisée des objectifs de la révolution

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  3 questions à : Hazem KSOURI, avocat

 

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 Comment évaluez-vous la décision de l’Instance d’opter pour le mode de scrutin de liste à la proportionnelle avec les plus forts restes ?
Cette proposition nous permettra de découvrir le poids réel et la présence effective des  partis politiques sur la scène nationale et nous évitera les discours creux et pompeux de ces partis dont le nombre des adhérents ne dépasse pas dans le meilleur des cas une centaine de militants.
Ce choix permettra également aux partis et aux formations politiques partageant les mêmes idées et orientations d’opérer des alliances et de se présenter sous des listes communes, ce qui leur donnera  une chance de gagner le maximum de sièges.
Avec ce système, on garantit une représentation plus importante de la femme, loin du système des quotas et de l’obligation des partis à présenter des candidates, au risque de voir leurs listes annulées.
Je pense que ce système contribuera, d’autre part, à éradiquer les racines du despotisme et de la répression, puisque désormais on passera du soutien d’une personne ou  d’une famille à l’appui à un parti politique ou à une idée, loin de toute tendance à la personnalisation.

Quelle est  votre réaction vis-à-vis de la mesure portant sur l’inéligibilité des personnes ayant assumé des responsabilités au sein du RCD ou ayant occupé des postes de ministre depuis le 7 novembre 1987 ?
Je pense que ces mesures prises par l’Instance supérieure pour la protection de la révolution et la réalisation de la transition démocratique visent à instaurer une nouvelle dictature sous laquelle se cachent certains partis ou courants qui se prétendent démocratiques et parlent au nom du peuple, sans que ce même peuple  leur ait procuré le droit de le représenter au sein de cette même instance.
Je me pose la question, en tant qu’observateur suivant l’évolution du paysage politique national depuis la révolution. De quel droit les membres de l’Instance se permettent-ils d’exclure une aussi importante catégorie de citoyens tunisiens et de leur interdire d’exercer leurs droits ?
A moins que l’exclusion ou l’écartement touchent  ceux dont la culpabilité a été prouvée par la justice, cette décision constitue un acte d’injustice manifeste et une déviation caractérisée des objectifs de la révolution.
La logique  de l’exclusion constitue, à  mon sens, un crime pire que ceux commis  par le président déchu à l’encontre des différents partis politiques et courants intellectuels qui s’opposaient à ses choix et à ses orientations.

Quel regard portez-vous sur la parité hommes-femmes dans  les  listes de candidature à la prochaine Constituante ?
La division de la société tunisienne entre jeunes, adultes, femmes, hommes, indépendants et militants actifs au sein de partis politiques me rappelle l’esprit confessionnaliste qui a prédominé en Irak à la suite de la chute du président Saddam Hussein.
Sommes-nous sur le point de considérer la femme comme un adversaire politique alors qu’elle constitue un partenaire à part entière dans la dynamique d’édification de la Tunisie démocratique et pluraliste.
Je pense que les tentatives de ceux qui cherchent à instrumentaliser la femme à des fins politiques sont vouées à l’échec et ne passeront plus dans la mesure où nos jeunes ne permettront à personne de récupérer leur révolution.