Les événements se précipitent à un rythme vertigineux dans cette Tunisie post-Révolution. Mohamed Ghannouchi, soumis à une pression infernale de la rue, a fini par craquer et présenter sa démission cet après-midi. Au moment, d’ailleurs, où les manifestations et les affrontements, à l’Avenue Bourguiba principalement, auraient atteint des proportions alarmantes.
Aussi, le Président par intérim, Foued Mbazaa, a-t-il nommé Beji Caïd Essebsi pour lui succéder, ce dernier devenant ainsi le 11e premier ministre depuis l’Indépendance. Il faut dire que le nouveau chef du gouvernement, un pur produit de l’époque bourguibienne, est réputé pour être un homme de communication.
Béji Caïd Essebsi (الباجي قائد السبسي), né le 29 novembre 1926 à Sidi Bou Saïd, est un homme politique et avocat tunisien.
Dans le cadre de le révolution tunisienne, il est nommé Premier ministre le 27 février 2011 en remplacement de Mohamed Ghannouchi.
_______________________________________________________________________________Issu d'une famille tunisoise du makhzen beylical composée d'agriculteurs, arrière-petit-fils d'Ismail Caïd Essebsi, il obtient une licence de la faculté de droit de Paris en 1950 avant d'être admis au barreau tunisien en 1952. Il devient par la suite avocat à la Cour de cassation. Il débute sa carrière en plaidant dans des procès de militants du Néo-Destour.
Au lendemain de l'indépendance, en 1956, il rejoint le gouvernement comme conseiller d'Habib Bourguiba, devenu Premier ministre avant d'accéder à la tête de l'État après la proclamation de la République le 25 juillet 1957. Il poursuit son ascension en devenant directeur général de la Sûreté nationale. Le 31 décembre 1962, le parquet militaire défère 26 accusés pour complot contre la sûreté de l'État. Il est ensuite ministre de l'Intérieur du 5 juillet 1965 au 8 septembre 1969 puis ministre de la Défense du 7 novembre 1969 au 12 juin 1970.
Toutefois s'ensuit pour lui une longue traversée du désert jusqu'au 3 décembre 1980. Il réintègre alors le gouvernement comme ministre délégué auprès du Premier ministre puis ministre des Affaires étrangères le 15 avril 1981 ; il occupe ce poste jusqu'au 15 septembre 1986. Durant ces six années, il est confronté à plusieurs crises, notamment l'arrivée des combattants palestiniens — chassés de Beyrouth — à Bizerte en 1982, le bombardement du quartier général de l'OLP à Hammam Chott (sud de Tunis) par l'armée de l'air israélienne (opération Jambe de bois) en 1985, sans oublier les incessantes sautes d'humeur de Mouammar Kadhafi. Le moment le plus fort de sa carrière à la tête de la diplomatie tunisienne reste cependant le vote de la résolution des Nations unies condamnant l'agression israélienne contre la Tunisie (Résolution 573).
Caïd Essebsi occupe également le poste d'ambassadeur à Paris (1970-1971) puis à Bonn à partir de 1987. En 1990, il prend la présidence de la Chambre des députés qu'il garde jusqu'en 1991. Son dernier mandat de député s'achève en 1994.
Il reprend alors son métier d'avocat et continue de plaider, de temps à autre, devant la Cour d'appel de Tunis mais généralement dans les seules affaires d'arbitrage.
Caïd Essebsi est père de deux garçons et de deux filles.
Il est nommé Premier ministre le 27 février 2011.
Publications
Bourguiba. Le bon grain et l'ivraie, éd. Sud Éditions, Tunis, 2009, un livre dans lequel il rend hommage à l'honnêteté de Bourguiba et qui a pu être perçu comme une critique du système mis en place par Ben Ali