Le 23 octobre prochain, les tunisiens seront appelés à élire une assemblée constituante. Une centaine de partis politiques sont en lice, dont 92 créés dans la Tunisie post-Ben Ali. Le parti de Rached Ghannouchi, Ennahdha semble bien positionné et se prononce pour le maintien des élections à la date annoncée. Il faut dire que ce parti a le vent en poupes. Ses atouts : sa popularité et le soutien discret de… Washington. En effet, les Etats-Unis entretiennent des relations avec les islamistes tunisiens dit « modérés » depuis des années, c’est-à-dire avant le départ forcé du dictateur ; un départ soutenu, faut-il le rappeler, par les américains.
Redwan Masmoudi, l’homme du rapprochement
C’est grâce à cet ingénieur tunisien installé aux Etats-Unis, que les premiers contacts ont pu être établis entre des diplomates américains et des représentants de mouvements islamistes tunisiens. Financé entre autres par le département d’Etat américain, Masmoudi fonde en 1999, le Centre for the Study of Islam & Democracy (CSID), genre de think thank qui prône le dialogue entre laïcs et islamistes.
Dès 2005, il commence à mettre en relation des diplomates américains avec des leaders islamistes. Il réussit même à introduire, en 2006, une envoyée spéciale américaine dans la résidence surveillée de Hamadi Jebali, actuel secrétaire général du parti Ennahda.
Parmi les autres personnalités tunisiennes importantes approchées par Washington par l’intermédiaire du CSDI, on peut citer Slaheddine Jourchi, vice président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Saïda Akremi, représentante des avocats au sein de la Haute Commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, ou bien encore, Zied Toualatti, l’une des figures importantes d’Ennahda
Le voyage « politique » de Hamadi Jebali à Washington
Invité à participer à un forum organisé par le CSDI,-encore lui- le 9 mai à Washington, le secrétaire général d’Ennahda revient de ce voyage le planning bien calé.
En effet, selon nos informations, Jebali a pu décrocher des rendez-vous décisifs avec Joe Libermann, une voix écoutée au Sénat américain, ainsi qu’avec deux anciens candidats aux présidentielles, le républicain John Macain et le démocrate John Kerry. Auparavant, il a pu se rendre au département d’Etat pour s’entretenir avec Margaret Nardi, directrice de l’office of Maghreb affairs. Que du beau monde.
Washington veut un AKP bis en Tunisie
Washington veut un AKP bis en Tunisie
Rached Ghannouchi se veut l’homme de l’apaisement et du consensus et répète à l’envi que son parti Ennahda veut rassembler les tunisiens sans exclusion aucune.
Un discours qui séduit forcément les américains, d’autant que Ghannouchi ne cache pas sa sympathie pour le Parti pour la justice et le développement ou l’AKP turc- un modèle pour Ennahda- et son inspiration des expériences des partis chrétiens-démocrates européens.
Mais pourquoi se contenter d’un seul parti islamiste, quand on peut en avoir deux. Sans doute aussi se serait pour Washington un moyen de faire jouer la concurrence au cas où l’un des deux tourne casaque. Dès lors, outre Ennahda, les diplomates américains accordent une attention particulière à l’Alliance nationale pour la paix et la prospérité (ANPP), la jeune formation de Skander Rekik, un ingénieur formé aux Etats-Unis aux techniques du « storytelling », la communication politique à l’américaine, qu’il veut importer en Tunisie.
Par ailleurs, l’un des fondateurs de l’ANPP- cela ne s’invente pas- est l’avocat Moncef Barouni, patron de l’association tuniso-américaine et ex-président de la chambre de commerce tuniso-américaine.
Conclusion ? Alors que Paris était occupé à sauver les meubles de Ben Ali, Washington lançait déjà en 2005 son casting pour le remplacer.
Source : .algerie-focus.com